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R6 : A quand le retour d'un Belge au sommet ? Ubisoft aurait la bonne formule !

Écrit par Gaëtan Thoron alias “clapton”

Dans un paysage e-sport en pleine mutation, une question revient sans cesse : que reste-t-il aujourd’hui pour les joueurs amateurs qui rêvent d’atteindre le haut niveau ? Alors que beaucoup regrettent la disparition des ligues nationales, d’autres voient émerger un nouvel écosystème, pensé pour ouvrir davantage de portes qu’il n’en ferme. Ubisoft, acteur majeur de la scène FPS, affirme justement vouloir renforcer les possibilités offertes localement et multiplier les chemins vers l’élite.

À l’occasion du Major de Munich de Rainbow Six Siege, nous avons eu l’opportunité de rencontrer Christopher Thann, Operations Manager EMEA, Esports chez Ubisoft.

En d’autres termes, Christopher est la personne la mieux placée pour nous parler du contenu compétitif proposé au joueur amateur et du chemin possible pour atteindre l’élite du FPS tactique. Un chemin qui a diamétralement changé ces dernières années avec la suppression des ligues nationales chères aux amateurs. Mais qui, selon notre interlocuteur, se veut plus productive pour le développement des écosystèmes locaux. Explications.

Interview

Comment pourrions-nous le circuit compétitif actuel pour les amateurs ? Quel est le chemin qui leur est offert pour atteindre les plus grandes compétitions ?

Chez Ubisoft, le Tier 2 (T2) est essentiel : c’est là que se construit la future scène professionnelle. Nous y cherchons constamment les prochains talents, qu’il s’agisse d’un nouveau Shaiko ou d’une équipe prête à passer au niveau pro.

En Europe, trois grandes compétitions structurent ce parcours : le Central Combine, le Rainbow Rumble et le South Breach. Elles sont ouvertes à toutes les équipes européennes souhaitant se qualifier. À cela s’ajoutent plusieurs tournois organisés par des partenaires locaux et nationaux, qui permettent de gagner des points pour le circuit T2.

Les formations qui accumulent le plus de points accèdent ensuite aux Playoffs européens, où le champion obtient une place privilégiée pour les prochaines qualifications de l’Euro MENA League, le championnat professionnel.

Cette année, nous avons également réintroduit les relégations : les deux dernières équipes du championnat affrontent les deux meilleures équipes du T2 pour défendre ou conquérir leur place en ligue pro.

En résumé : trois compétitions majeures et huit tournois partenaires composent un parcours clair vers l’élite, avec une grande finale en fin d’année pour couronner les meilleurs. C’est notre chemin vers le statut professionnel.

Par le passé nous avions des ligues nationales, avec la Benelux League pour la Belgique. Est ce que ce type de ligues locales pourrait revenir à l’avenir ?

Nous croyons fermement en un circuit européen ouvert, où toutes les équipes peuvent s’affronter. Ce changement, mis en place il y a un peu plus de deux ans, a rencontré un réel succès. Il a surtout permis d’offrir davantage d’opportunités de jeu à tout le monde, en étendant l’expérience compétitive bien au-delà des trois mois de saison d’autrefois.

Avec ce format et l’absence de tournois locaux officiels, est-il possible pour un organisateur d’obtenir la reconnaissance d’Ubisoft et, pourquoi pas, d’intégrer son événement au circuit officiel.

C’est possible, mais cela demande de suivre certaines règles. Pour organiser un tournoi sur Rainbow Six Siege, il suffit d’utiliser la plateforme dédiée disponible sur notre site : elle permet d’obtenir une licence, généralement accordée automatiquement pour les tournois dont le cash prize ne dépasse pas 10 000 €.

Par contre, devenir partenaire officiel du circuit demande de répondre à des exigences plus strictes, comparables à celles des compétitions officielles T2. Le niveau d’organisation doit respecter un certain standard mais l’accès reste ouvert à ceux qui sont prêts à s’y conformer.

En résumé, cela offre un parcours structuré à la fois pour les joueurs qui veulent devenir pros et pour les organisateurs qui souhaitent rejoindre le circuit officiel.

Ces deux éléments forment votre manière d’aborder le développement local du jeu. Êtes-vous satisfaits de ce système de licences ? Les retours sont-ils positifs ?

“Oui, totalement. Pour nous, c’est un vrai succès. Comme je l’ai expliqué, nous travaillons déjà avec des partenaires extérieurs, mais aussi avec de nombreux petits organisateurs partout dans le monde. Ce système nous permet de les soutenir, de les accompagner et de les aider à grandir.”

C’est ainsi qu’Ubisoft imagine le développement du Tier 3 et le chemin vers le niveau professionnel pour les joueurs, les équipes, mais aussi les organisateurs de tournois. Les nostalgiques regretteront peut-être l’époque des titres nationaux, mais ce qui ressort de cette interview, c’est la passion de notre interlocuteur sur le sujet et la volonté sincère de ne pas oublier les amateurs et les semi-pros. De ne pas se focaliser uniquement sur l’élite.

Est-ce le meilleur modèle ? Le temps nous le dira. Mais l’intention est claire, et on ne peut pas leur enlever.

bbyShark, l’enfant du jeu devenu chouchou de Français

bbySharKK est passé de l’enfant streameur, parfois raillé, au joueur professionnel pour une structure nord-américaine.

Quoi de mieux pour illustrer les propos d’Ubisoft que l’exemple de ce jeune joueur français.

Passionné de jeu vidéo sur Xbox dès l’âge de 10 ans et adepte du streaming sur le jeu Rainbow Six, il vit désormais son rêve après des années de persévérance. “J’ai toujours rêvé de devenir joueur professionnel. Mais au début, aucune organisation ne voulait me recruter. Dès lors, j’ai décidé de créer mes propres équipes.” Un véritable parcours du combattant et un investissement de chaque instant. De fil en aiguille, il parvient à se faire une petite place en France. “J’ai ensuite commencé à jouer avec pas mal de personnalités françaises de la scène comme WhiteShark ou encore Théo Griezmann. C’est d’ailleurs à cette époque que je recrute Lasmooo qui va devenir mon meilleur ami et est désormais joueur chez BDS.

Petit à petit, le duo gravit les échelons jusqu’à signer un contrat chez MYD, une organisation reconnue de la scène compétitive. “Nous avons reçu nos premiers contrats mais avec accord parental comme j’étais encore mineur.” Un soutien parental aujourd’hui indispensable pour espérer atteindre le niveau professionnel. Cette étape leur permet de s’imposer ou de performer sur de nombreux tournois comme les Louvard Game en Belgique et les Combines. Mais alors que son ami est recruté chez les pros avec les Wolfs, bbySharKK poursuit son chemin de son côté.

C’est à cette période que j’ai commencé les essais avec des équipes T1 comme Fnatic ou Secret, mais rien n’aboutit.” Ce n’était pas son heure. Et il a pourtant fallu un vrai saut dans le vide pour que la porte s’ouvre enfin. “Comme je faisais beaucoup de tests pour passer pro, mon équipe a décidé de se séparer de moi car j’avais peu de temps pour m’entraîner. Mais heureusement, dans la foulée, Wildcard (structure basée au Texas, USA) décide de me contacter pour un essai.

Et c’est le coup de foudre. Nous sommes alors en février-mars 2025. Depuis, le nouveau chouchou des Français a atteint son premier Major à Munich en novembre avec un parcours incroyable (4e) en éliminant des équipes comme G2 ou encore NiP. Résultat des courses : lui et son équipe américaine sont à une petite victoire de participer au saint Graal, à savoir le Six Invitational 2026 de Paris.

Et lorsqu’on lui demande ce qu’il pense du format actuel proposé par Ubisoft pour passer d’amateur à pro, il n’hésite pas une seconde : “Je pense que oui. Il y a énormément de tournois avec les trois compétitions majeures ainsi que les Challenger Series (voir ci-dessus). Ça reste une mission super compliquée pour se qualifier en pro. Mais ce système permet à des organisations officielles d’avoir de la visibilité et de la reconnaissance.

BLAST R6 Munich Major 2025 - Finals Munich, Germany (Photo by Michal Konkol / Ubisoft)

Interview et article de Benjamin De Smet

Écrit par Gaëtan Thoron alias “clapton”
Administrateur et Rédacteur principal pour la DH, il est responsable aussi de toute la partie partenariat et marketing de Lan-Area.be